Le café psycho d'Angers 

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Poèmes de Rémi

 

 

Les murs sont des vaisseaux de pierre

qui jamais ne prennent le large.

 

Faut-il crier plus fort que les affres du destin

pour attirer à soi les anges du soir ?

Si tu adores le vieux sage, nul bien ne sortira de ton âme.

 

Au mieux, tu peux le vénérer.

Mais sans doute suffit-il d'écouter l'onde de ses paroles

qui résonnent sur les parois de ta conscience.

Il faut savoir couper le son de l'extérieur,

car le vieux sage est multiple qui s'incarne dans le passant et le clochard.

 

La porte est là pour être ouverte et fermée.

Son état n'est ni l'un ni l'autre, sa fonction dépend du besoin.

Le coeur qui s'ouvre sans cesse

est un coeur qui finit par saigner.

Le chêne et les gonds de métal

se sont parés de la patine cuivrée du temps.

Effleures l'oxyde de leur existence et le secret se dévoilera.

Il n'est de porte que pour mieux sentir le seuil,

et les gardiens se détournent de l'innocent

qui oublie de faire grincer le marteau.

 

L' âme des mondes repose dans la racine d'un arbre rabougri.

Des insectes bienveillants y demeurent,

et sur leurs ailes sont gravés des chiffres incompréhensibles.

Quelques imbéciles s'évertuent à les décrypter,

quand leurs rythmes et leurs courbes

sont leurs seules raisons d'être.

 

Viens t'allonger sur les racines maternelles,

reposes ta tête sur le sein de la Terre

et  goûtes le bien être qui naît de la solitude.

 

 

Micromegas, Arthur de la Cabale,

Tiens toi droit à l'orée de ta voix;

Coules et glisses, invincible, indicible.

Il ne reste plus rien des orgasmes passés.

La vile entreprise, la conquête du monde,

S'achève sous le marbre des tombes.

 

La douce compassion des esprits du Levant,

Pointe au cœur de ceux qui comblent le dedans.

La vision est insane qui ne voit pas l'innée,

L'oreille est inutile qui n'entend l'incréé.

A l'aube des temps ne gît pas le début,

La fin du cycle n'anéantit pas le vécu.

Les actes s'empilent en greniers invisibles,

Ils dorment patiemment et leur retour souvent

N'est pas des plus risibles.

 

J'ai revêtu une robe de vanité

Et me suis ceins d'une ceinture d'envie,

Une cape de haine recouvre mes épaules,

Et mes sandales sont le fruit de la violence.

Ainsi j'erre de par le monde des contraires,

bafoué par mes désirs, giflé par mon orgueil.

 

Mais le guide est doux qui sans cesse me conseille.

Attentif, aimant, il me prodigue ses soins.

Je le suis, je l'écoute et je m'émerveille.

La douleur est ma compagne, je la regarde de loin.

 

Les elfes et les fées gambadent.

L'air est imprégné de fortes impressions

qui échappent à ceux qui se débattent

dans la nuit de l'envie et le monde des noms.

 

 

 

                                    Thérapie salutaire

 

 

 

Marches jusqu'à la rivière,

Sens la Terre sous tes pas,

Trempes tes mains dans l'eau qui courre.

 

Choisis une pierre qui sied à ta paume.

Sens la Terre dans la pierre.

Sens l'eau dans tes veines.

Respires le vent dans ton coeur.

 

Trouves un bâton, fais le vibrer dans ta main.

Il te relie aux éléments

Comme tu le fais tournoyer au bout de ton poignet.

Il est la terre qui se dresse vers le Soleil.

 

 

 

Il glisse dans l'air une étrange mélopée.

C'est le parfum des ondes qui lui prête sa rondeur,

Des formes indécises se défont et se meurent.

Il en faut plus pourtant au balayeur des rues,

Pour oublier le temps qui le déchire tout cru.

 

Quand nul effort ne t'est possible,

Quand le blafard te tient et que ta tête est vide.

Quand la course éreintante a extrait ton essence.

Tu te tiens comme un gland à l'orée de tes rêves;

tu glisses doucement sur le sable de la grève.

Honte à toi qui ne connais la mesure,

qui te fourvoie sans cesse dans les affres de l'usure.

Car le temps est l'usurier suprême,

ce qu'il prête maintenant, il le reprend demain.

 

Le rendement, la croissance et l'efficacité;

Les voilà venir les sbires de l'immonde société.

 

 

Tu portes en toi le germe de la métamorphose,

Laisses toi glisser dans l'inconscience.

Participes à nouveau au festival des dieux;

emplis toi d'impressions puissantes et colorées.

 

  

Dérive

  

 

Etienne sur flanc de tonneau

à poisse extrême en guise de blanc sein,

 mammouth sirageux

qui s’éteint de murmure étrange

sur musique fileuse de train

à l'heure des macaques endormis

où l'humour sert de batterie

pour le rythme des os brisés

de la cavalcade à la lune noire,

ocre ou plume d'oie

du sang de la bête énorme qui défraie nos nuits.

 

 

Dis moi! Où portes-tu ce sac

que tu tiens au bout d'un bâton ?

Et qui est-il ce roquet

qui te mord le talon ?

Ton regard voit au loin

et le ciel t'est ouvert.

 

Les pâtes cuisent et je m'en vais

Au grès des gouttes de musique qui perlent

Comme le mat du tarot,

Un monde cosmique m'aspire.

Il n'en fallait pas plus pour que je sombre.

L'eau du robinet était-elle polluée ?

Ma tête s'évapore.

Le dieu mars ne me prodigue plus sa force.

Et me voici tel un pantin désarticulé.

Alors j'écoute la harpe céleste

Et me viennent des visions du devenir;

l'être s'étire comme un élastique.

Le temps se compresse et se détend.

Je trône sur un champignon géant,

au sommet de la ville,

Il y a des rires d'enfants.

 

Les oiseaux s’arrêtent en vol et les pierres fondent.

Te souviens-tu de nos méditations passées.

Il faut continuer à monter,

bientôt, nous percerons les nuages

et nous apparaîtra la lumière.

 

Il n'y aura plus de faim ni de soif.

Les jours seront immenses

et les nuits lumineuses.

La barge du passeur est sur la berge,

il se repose en t'attendant.

Tu n'as pas peiné en vain.

Vas vers lui et tends ta main.

 

Aujourd'hui, demain, hier, n'ont plus de sens.

Nous sommes au pays de la mort délicieuse.