Les
murs sont des vaisseaux de pierre
qui
jamais ne prennent le large.
Faut-il
crier plus fort que les affres du destin
pour
attirer à soi les anges du soir ?
Si
tu adores le vieux sage, nul bien ne sortira de ton âme.
Au
mieux, tu peux le vénérer.
Mais
sans doute suffit-il d'écouter l'onde de ses paroles
qui
résonnent sur les parois de ta conscience.
Il
faut savoir couper le son de l'extérieur,
car
le vieux sage est multiple qui s'incarne dans le passant et le clochard.
La
porte est là pour être ouverte et fermée.
Son
état n'est ni l'un ni l'autre, sa fonction dépend du besoin.
Le
coeur qui s'ouvre sans cesse
est
un coeur qui finit par saigner.
Le
chêne et les gonds de métal
se
sont parés de la patine cuivrée du temps.
Effleures
l'oxyde de leur existence et le secret se dévoilera.
Il
n'est de porte que pour mieux sentir le seuil,
et
les gardiens se détournent de l'innocent
qui
oublie de faire grincer le marteau.
L'
âme des mondes repose dans la racine d'un arbre rabougri.
Des
insectes bienveillants y demeurent,
et
sur leurs ailes sont gravés des chiffres incompréhensibles.
Quelques
imbéciles s'évertuent à les décrypter,
quand
leurs rythmes et leurs courbes
sont
leurs seules raisons d'être.
Viens
t'allonger sur les racines maternelles,
reposes
ta tête sur le sein de la Terre
et
goûtes le bien être qui naît de la solitude.
Micromegas,
Arthur de la Cabale,
Tiens
toi droit à l'orée de ta voix;
Coules
et glisses, invincible, indicible.
Il
ne reste plus rien des orgasmes passés.
La
vile entreprise, la conquête du monde,
S'achève
sous le marbre des tombes.
La
douce compassion des esprits du Levant,
Pointe
au cœur de ceux qui comblent le dedans.
La
vision est insane qui ne voit pas l'innée,
L'oreille
est inutile qui n'entend l'incréé.
A
l'aube des temps ne gît pas le début,
La
fin du cycle n'anéantit pas le vécu.
Les
actes s'empilent en greniers invisibles,
Ils
dorment patiemment et leur retour souvent
N'est
pas des plus risibles.
J'ai
revêtu une robe de vanité
Et
me suis ceins d'une ceinture d'envie,
Une
cape de haine recouvre mes épaules,
Et
mes sandales sont le fruit de la violence.
Ainsi
j'erre de par le monde des contraires,
bafoué
par mes désirs, giflé par mon orgueil.
Mais
le guide est doux qui sans cesse me conseille.
Attentif,
aimant, il me prodigue ses soins.
Je
le suis, je l'écoute et je m'émerveille.
La
douleur est ma compagne, je la regarde de loin.
Les
elfes et les fées gambadent.
L'air
est imprégné de fortes impressions
qui
échappent à ceux qui se débattent
dans
la nuit de l'envie et le monde des noms.
Thérapie
salutaire
Marches
jusqu'à la rivière,
Sens
la Terre sous tes pas,
Trempes
tes mains dans l'eau qui courre.
Choisis
une pierre qui sied à ta paume.
Sens
la Terre dans la pierre.
Sens
l'eau dans tes veines.
Respires
le vent dans ton coeur.
Trouves
un bâton, fais le vibrer dans ta main.
Il
te relie aux éléments
Comme
tu le fais tournoyer au bout de ton poignet.
Il
est la terre qui se dresse vers le Soleil.
Il
glisse dans l'air une étrange mélopée.
C'est
le parfum des ondes qui lui prête sa rondeur,
Des
formes indécises se défont et se meurent.
Il
en faut plus pourtant au balayeur des rues,
Pour
oublier le temps qui le déchire tout cru.
Quand
nul effort ne t'est possible,
Quand
le blafard te tient et que ta tête est vide.
Quand
la course éreintante a extrait ton essence.
Tu
te tiens comme un gland à l'orée de tes rêves;
tu
glisses doucement sur le sable de la grève.
Honte
à toi qui ne connais la mesure,
qui
te fourvoie sans cesse dans les affres de l'usure.
Car
le temps est l'usurier suprême,
ce
qu'il prête maintenant, il le reprend demain.
Le
rendement, la croissance et l'efficacité;
Les
voilà venir les sbires de l'immonde société.
Tu
portes en toi le germe de la métamorphose,
Laisses
toi glisser dans l'inconscience.
Participes
à nouveau au festival des dieux;
emplis
toi d'impressions puissantes et colorées.
Dérive
Etienne
sur flanc de tonneau
à
poisse extrême en guise de blanc sein,
mammouth
sirageux
qui
s’éteint de murmure étrange
sur
musique fileuse de train
à
l'heure des macaques endormis
où
l'humour sert de batterie
pour
le rythme des os brisés
de
la cavalcade à la lune noire,
ocre
ou plume d'oie
du
sang de la bête énorme qui défraie nos nuits.
Dis
moi! Où portes-tu ce sac
que tu tiens au bout d'un bâton ?
Et qui est-il ce roquet
qui te mord le talon ?
Ton regard voit au loin
et le ciel t'est ouvert.
Les pâtes cuisent et je m'en vais
Au grès des gouttes de musique qui perlent
Comme le mat du tarot,
Un monde cosmique m'aspire.
Il n'en fallait pas plus pour que je sombre.
L'eau du robinet était-elle polluée ?
Ma tête s'évapore.
Le dieu mars ne me prodigue plus sa force.
Et me voici tel un pantin désarticulé.
Alors j'écoute la harpe céleste
Et me viennent des visions du devenir;
l'être s'étire comme un élastique.
Le temps se compresse et se détend.
Je trône sur un champignon géant,
au sommet de la ville,
Il y a des rires d'enfants.
Les oiseaux s’arrêtent en vol et les pierres fondent.
Te souviens-tu de nos méditations passées.
Il faut continuer à monter,
bientôt, nous percerons les nuages
et nous apparaîtra la lumière.
Il n'y aura plus de faim ni de soif.
Les jours seront immenses
et les nuits lumineuses.
La barge du passeur est sur la berge,
il se repose en t'attendant.
Tu n'as pas peiné en vain.
Vas vers lui et tends ta main.
Aujourd'hui, demain, hier, n'ont plus de sens.
Nous sommes au pays de la mort délicieuse.
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